"Ecolo veut une ville pacifiée, apaisée" - itw de notre chef de groupe Hajib El Hajjaji

Publié le 10 décembre 2020
Rédigé par 
ecolov

Retrouvez l’interview de notre chef de groupe dans L’Avenir Verviers du 10 décembre 2020

«L’union communale est l’option la plus évidente»

Ce mercredi, Écolo a dévoilé ses 30 idées pour Verviers. L’occasion de faire le point avec le chef de groupe Hajib El Hajjaji sur ces priorités mais aussi sur les récents rebondissements.

Avant d’aborder vos 30 priorités, revenons sur ces derniers jours. En rompant les négociations avec le cartel et LIVe, vous avez choisi le PS.

Le premier élément, c’est qu’on a rompu les discussions avec LiVe. À la Une du Soir ce mercredi matin, on retrouve à nouveau des révélations sur Stéphane Moreau et Nethys. On voit bien que ces problèmes de mauvaises gouvernances ne sont pas près d’être terminés. Pour nous, Muriel Targnion reste associée à cette situation. Cela nous conforte dans l’idée de contrer une majorité qui associe directement ou indirectement Muriel Targnion.

Le dialogue n’a pas été rompu avec le cartel. Nous avons encore des contacts, même j’entends bien leur déception. En ce qui concerne le PS pour ce qui est d’Écolo, on a gardé des contacts informels. Nous sommes notamment intervenus sur le fait qu’une motion conforme était nécessaire pour former une majorité. La bonne gouvernance et la transition écologique font partie de nos priorités. Sur ces domaines-là, on voit au niveau du PS une volonté de marquer une rupture avec la politique de Muriel Targnion. Ils adhèrent à l’idée que Verviers entame une transition écologique, sociale et démocratique. En rompant avec les Indignés et en sachant que majorité à 19 était trop juste avec le cartel, on savait qu’on remettait le PS dans la course.

Pour Écolo, l’objectif est d’avoir une majorité fiable et stable et où notre groupe peut avoir un impact sur le projet de ville. Certaines de nos propositions coûtent zéro euro et peuvent être mises en place immédiatement.

Le PS n’est-il pas responsable d’une grande part du problème dans la crise politique mais aussi plus largement dans la crise que connaît Verviers?

Oui, il est responsable. Et il reconnaît sa part de responsabilité, notamment sur l’idée d’avoir présenté motion mixte et aussi d’avoir d’une certaine façon minimisé les problèmes au niveau du Collège, entre Muriel et certains échevins. Il faut reconnaître qu’en prenant la décision d’exclure Muriel Targnion, il a posé un acte fort. Les personnes qui sont aujourd’hui présentes au Collège portent des projets auxquels nous adhérons, que ce soit au niveau du CPAS, où on n’a jamais vu de projets aussi ambitieux, de la santé avec Sophie Lambert ou encore des Sports et de l’Interculturalité avec Antoine Lukoki.

L’alternative proposée par le cartel de rassembler quatre partis et d’envoyer le PS dans l’opposition n’était-elle pas judicieuse? Pour Écolo, est-ce important de garder le PS à la tête de la Ville?

La rupture fondamentale qu’on avait avec le PS, c’était la motion mixte. S’il l’avait gardée, pour Écolo, c’était clairement une ligne rouge. Aujourd’hui, on sent bien que plus personne ne la défend. Le choix d’engager des discussions avec le cartel, c’était aussi parce que nous avions la garantie d’avoir une motion conforme. On a exploré cette piste. On a eu des discussions très constructives avec le MR, le cdH et Nouveau Verviers mais le point de blocage réside sur l’implication, le rôle et l’impact que les Indignés pourraient avoir dans une future majorité. Et j’inclus ici Bernard Piron.

Vous avez affirmé encore dernièrement votre attachement à la bonne gouvernance et à toutes ses règles. Si une large majorité se formait autour du PS, Hasan Aydin devrait-il donc être le bourgmestre?

Pour Écolo, le respect du code de la démocratie permettrait à Hasan Aydin d’être bourgmestre de Verviers. Il a la légitimité démocratique. Il a l’expérience au sein d’un collège. On demanderait alors des clarifications sur le mode de gouvernance et de gestion au sein d’un collège mais, dans ce cas, le PS ne serait plus majoritaire. C’est un élément qui pourrait justifier un autre mode de gestion. Dans les relations qu’on a eues au niveau du CPAS avec Hasan Aydin, les discussions se sont bien passées. Si le PS faisait le choix de présenter Malik Ben Achour, c’est un choix qui leur appartient. Il faudra voir les avantages et les inconvénients de la formule. Cela ne change rien pour les projets du CPAS. Le code de la démocratie est clair: Hasan Aydin devra faire un choix. Mais pour le moment, cela n’a pas été mis sur la table.

Maxime Degey, à la tête du cartel, expliquait mardi ne pas être prêt à voir Hasan Aydin bourgmestre. On fait comment alors?

Cela fait partie des difficultés qu’on doit pouvoir dépasser. J’ai eu des discussions avec Maxime à ce sujet-là. Si c’est un blocage sur la personne, cela explique pourquoi on est dans une crise depuis 6 mois. Si c’est un blocage sur des décisions prises ou un comportement, je pense qu’on peut clarifier le mode de fonctionnement d’un collège. En regroupant les énergies des 5 partis (NDLR: PS, Écolo, MR, cdH et NV), on amènera plus de compétences et une majorité beaucoup plus forte. Cela ferait une majorité de 28 personnes qui s’active à relever la ville. Je pense que cela peut avoir beaucoup plus d’impact. On doit être capable de dépasser le passé, même si chacun reconnaît sa part de torts. Il faut, pour la population verviétoise, qu’on s’accorde rapidement sur un projet de ville. Si c’est l’union communale, personne ne sera perdant. Chacun pourra avoir sa part de la réalisation des projets à Verviers. Cela demande à chacun d’évoluer sur la position qu’il tient aujourd’hui.

L’union communale, c’est clairement ce qu’Écolo préconise?

On l’a mis en avant dès l’instant où le cartel a réaffirmé son unité. On considère que c’est leur liberté même s’ils ne se sont pas présentés ainsi devant l’électeur. Le PS étant majoritaire et Écolo voulant faire partie de la solution, c’est l’option la plus évidente dans le contexte actuel. Je ne connais pas les demandes des uns et des autres. De plus, la parité va être un élément important. Et chacun devra apporter sa contribution.

Verviers demande un engagement total, Écolo sera-t-il attentif à ce que l’ensemble des membres du Collège soit à 100% focus sur la Ville?

C’est d’abord l’exigence d’Écolo vis-à-vis de ses propres représentants. Les membres du collège écologistes seront consacrés à temps plein à l’exercice de leur mandat. C’est une promesse et on la tiendra. En ce qui concerne les autres partis, il y aura deux options. Soit on a des personnes qui ont une profession libérale et qui peuvent garder une petite charge de travail tout en donnant priorité à leur mandat. Si ça ne bloque pas le bon déroulement des projets et l’organisation des réunions, c’est une flexibilité qu’on peut comprendre. Soit on a des personnes qui ont un emploi complémentaire suffisamment important pour empêcher que l’on se réunisse la moitié de la semaine. Ce n’est pas normal. Si les échevins peuvent finaliser un dossier dans leur bureau, ils peuvent aussi en sortir pour aller à la rencontre de la population. Ça prend du temps mais c’est nécessaire.

Pourquoi présenter les 30 priorités d’Écolo, un travail réalisé avec les militants par Dany Smeets, aujourd’hui?

C’est une volonté de pouvoir recentrer le débat sur des projets. On nous a accusés de ne pas voir abordé des discussions de fond, ce qui est faux. On a donc voulu répondre de façon constructive et positive. Ces idées sont d’abord à partager, pas à imposer. C’est à l’attention des futurs partenaires de majorité mais aussi des citoyens. Écolo est tout à fait ouvert à mettre en place ce cadre politique pour que ces idées puissent se développer et grandir. On veut modestement amener des projets qui pourraient avoir un impact rapide sur Verviers. Certains éléments se font déjà et on veut les amplifier. D’autres idées sont novatrices et s’inspirent de ce qu’Écolo fait dans d’autres communes.

Parmi ces priorités, y en a-t-il qui seront des conditions dans les discussions en cours?

Notre objectif sera de convaincre les autres de la nécessité de ces idées-là. On sera aussi plus vigilant sur la mise en œuvre des priorités en lien avec les compétences d’Écolo, comme la Mobilité, l’Environnement, l’alimentation. Des projets comme la Vesdrienne, la ceinture alimentaire ou encore les forêts urbaines seront des priorités. Et je n’imagine pas une seule seconde qu’ils ne soient pas acceptés par les partenaires.

 

«Écolo veut une ville pacifiée, apaisée»

Hajib El Hajjaji, dans ses 30 priorités, Écolo prône une plus grande participation des Verviétois au projet de ville. Une manière de réconcilier politique et citoyens?

Exactement. Ce sera notre marque de fabrique. Contrairement à toutes les déclarations de politique communale (DPC) qui ont été présentées de manière unilatérale, nous voulons marquer le coup en ouvrant à la discussion le projet de DPC et en permettant à la population de faire part de ses observations, de ses commentaires. Même si cela va prendre du temps, on pense que c’est la meilleure façon de prendre un nouveau départ.

Le projet «Territoire Zéro chômeur longue durée», cela consiste en quoi?

On a dans notre pays une situation de chômage structurel avec des personnes qui ont des difficultés à revenir sur le marché de l’emploi et le monde du travail. Au lieu de mettre uniquement cette responsabilité sur les personnes, la société doit se rendre compte qu’elle doit mettre en place d’autres modes d’activation, en leur permettant par exemple de garder leur niveau de vie ou allocation et de les activer différemment, en tenant de leurs capacités culturelles, artistiques… Cela peut aussi passer par des zones franches avec des réductions fiscales pour permettre aux entreprises de s’établir dans ces quartiers et d’y développer l’activité économique.

Aménagement des quais de Vesdre, projet de centre-ville, Grand-Bazar… L’urbanisme revient souvent dans cette liste.

Évidemment. L’urbanisme est soit le moteur du développement économique soit son frein. Écolo veut une ville pacifiée, apaisée. Cela passe par la dimension de la mobilité, avec un cadre vie plus sain, plus vert. «Verviers, ville conviviale» y contribue. C’est aussi valoriser le patrimoine verviétois. Durant la campagne, on avait mis en avant le plan «Façade», qui a été repris par la majorité. On souhaiterait l’amplifier. On voudrait vraiment avoir une vision transversale et permettre aux gens de se rendre compte que les services de base se trouvent à proximité de leur lieu de vie.

Écolo évoque aussi un «plan de lutte contre le sexisme, le racisme et les préjugés».

Il y a déjà eu une avancée. À l’avant dernier conseil, le plan de lutte contre le racisme, avec Unia et le CRVI, a été présenté. Il faut donner un coup d’accélérateur. On veut y ajouter la dimension du sexisme car on remarque que les biais inconscients existent, par exemple dans l’aménagement du territoire. L’idée est d’assurer plus d’égalité mais aussi plus de sécurité. Cela passe par la promotion de l’entreprenariat au féminin, les balades exploratoires pour améliorer l’espace public. Ma collègue Nezha Darraji suit ça de près.

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Crédit photos : © EdA Philippe Labeye – L’Avenir Verviers, « L’union communale est l’option la plus évidente », Julie WOLFF, 10/12/2020
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