Budget Fédéral : Les travailleurs pénalisés !
Photo (c) Reporters/D.Gys
Un exercice déséquilibré qui pénalise travailleurs et classes moyennes
Après un mois de négociation, l’accord budgétaire intervenu ce matin pour économiser 3,7 milliards répond davantage à une logique mathématique qu’à une vision politique ; que le gouvernement insiste quant au fait qu’il l’ait assorti de mesures visant relance, emploi et compétitivité n’en fait pas un projet. Les effets de ce budget viendront s’ajouter à ceux des mesures d’austérité prises antérieurement et qui entrent à présent en application (comme la dégressivité dans le temps des allocations de chômage).
Certes, il y a un budget et ce fut très difficile à obtenir. Mais ce qui est frappant, c’est l’absence de projet rassembleur qui puisse à la fois préserver les plus faibles, maintenir les fondements de nos mécanismes de solidarités et, surtout, poser les bases d’une mobilisation des acteurs socio-économiques et des citoyens. Rassurer les marchés financiers n’est pas ce projet mobilisateur et cet accord budgétaire ne dit rien de la Belgique d’après Ford Genk.
Pendant ce long conclave, on a appliqué une stratégie classique, celle d’agiter des épouvantails et de titiller des tabous (index, TVA,…) en laissant croire au final qu’on a échappé au pire.
Mais il ne faut pas se tromper de perspective : les mesures décidées pour le budget 2012 feront de plus en plus mal (dégressivité accrue des allocations de chômage, pensions, suppression des aides à l’isolation) et ne sont pas compensées par celles du budget 2013. Au contraire, les nouvelles coupes budgétaires décidées frapperont durement dans différents secteurs essentiels : révision des mécanismes d’index, gel des salaires, diminution des dotations en sécurité sociale, mobilité ou justice, remise en question unilatérale de la collaboration avec les entités fédérées (compétences dites usurpées,…)… avec des conséquences lourdes sur la vie quotidienne de nos concitoyens.
Quant aux mesures compensatoires annoncées, elles sont soit la revente de décisions déjà prises (la revalorisation des allocations les plus basses est prévue dans le Pacte des Générations), soit bien trop timides pour faire réellement la différence (limitation de l’effet des intérêts notionnels ou fiscalité sur les revenus des capitaux), soit difficilement acceptables sur le plan éthique (régularisation fiscale), soit totalement insuffisantes (régulation du secteur bancaire et financier).
Alors que la crise que nous vivons aujourd’hui est une conséquence de la crise financière et de la dérégulation qui a caractérisé les années 1990 et 2000, le gouvernement fédéral n’a pu s’accorder sur des mesures fortes qui viseraient à mettre le secteur financier réellement à contribution. Le secteur bancaire est largement préservé, avec un projet de taxation des plus-values auquel, comme trop souvent, il sera aisé d’échapper et l’absence de projets visant à soutenir l’économie réelle et l’emploi, comme le Livret Vert mis sur la table par ECOLO.
Dans un contexte de crise prolongée où la peur du lendemain s’accroît fortement, les représentants politiques doivent endosser une triple responsabilité :
– une responsabilité vis-à-vis des victimes du cynisme économique et financier ;
– une responsabilité vis-à-vis de l’équilibre des finances publiques qu’on ne peut laisser filer ;
– et surtout une responsabilité socio-économique pour rendre espoir et créer des emplois et de l’activité dans des secteurs porteurs (cf. les 30 000 emplois dans les énergies renouvelables mis en évidence récemment par Agoria).
De ce point de vue, le gouvernement n’assume pas ses responsabilités face à une Belgique en crise.
Bref, il y a un budget, et c’est tout de même la moindre des choses, mais le projet capable d’interrompre la spirale infernale de la récession, de préserver et de créer des emplois durables, on l’attend désespérément… Il s’agit d’un exercice déséquilibré qui pénalise les travailleurs et les classes moyennes.