CC04/10/2010 POLICE ADMINISTRATIVE. Sécurité et sûreté publiques.

Publié le 3 octobre 2010
Rédigé par 
kriescherph
 
Dans ce genre de débat, la perception que l’on a dépend souvent de ce que l’on a vécu, soi-même ou son entourage. Personnellement, ma participation au conseil de police a modifié positivement ma perception sur la recherche d’une qualité du travail au sein de la zone Vesdre. Reste à voir si la théorie et l’action de terrain coïncident, mais je penche vers une évolution positive tout de même.
 
Globalement d’abord, je veux souligner certains aspects positifs dans la politique de sécurité menée à Verviers. En premier lieu, la décentralisation des postes de police amène et devrait encore amener une humanisation des interventions. C’est très positif.
 
Bravo aussi pour les approches sociales intégrées, comme le travail du service de prévention ou plus largement encore les Q.I ou le plan de cohésion social qui nous paraissent bonifier ces dernières années, grâce à des équipes de terrain motivées et compétentes.
 
Mais je voudrais nuancer fortement l’analyse euphorique de notre bourgmestre à plusieurs niveaux.
 
Quant au sentiment d’insécurité d’abord. Je ne conteste pas les chiffres avancés, mais bien la méthode. Ne pas trouver de plomb ou de cadmium dans l’eau ne veut pas dire que celle-ci ne contient pas d’autres polluants. C’est la même chose pour le sentiment d’insécurité. 
 
L’enquête a vérifié certaines représentations, mais pas toutes. Je suis frappé, et dans les chiffres de population scolaire, et dans les réactions de parents que je reçois quotidiennement dans le cadre de mon travail, de la peur qu’ont ces parents de mettre leurs enfants dans une école secondaire du centre-ville, lorsqu’ils habitent la grande périphérie verviétoise. D’accord d’aller boire un verre à Verviers, d’accord d’aller faire du shopping ou un cinéma en famille, mais de laisser son ado seul sur le temps de midi à Verviers, non. Ca, ça ne cadre pas avec les chiffres avancés.
 
Quant aux caméras ensuite. 60 caméras pour Verviers Pepinster Dison, oui, d’accord, elles ont un impact. Mais dans un moment proche, il faudra d’abord arrêter cette extension. On ne va pas tout couvrir. Un moment aussi, il faudra aussi analyser l’impact réel avec le recul nécessaire. L’évaluation de ces caméras est faite maison et uniquement maison. Elles aident à résoudre des affaires, mais en matière de prévention, leur efficacité est moins évidente.
 
Enfin, multiplier les éducateurs de rue, les agents de prévention, les gardiens de la paix, les travailleurs sociaux, les plans de cohésion sociale, de prévention, les plates-formes PLP41 ou autres, d’accord, toutes ces initiatives sont louables et intéressantes dans la situation actuelle. Mais on ne va pas multiplier à l’infini les travailleurs sociaux.
 
Les principales causes de l’insécurité proviennent des conditions de vie de chacun, à commencer par la fracture sociale, par l’urbanisme, par un mode de vie consumérisme où le bonheur semble se mesurer à la capacité à dépenser pour exister.
 
Pour Ecolo, les priorités en matière de sécurité doivent d’abord se retrouver beaucoup plus qu’actuellement dans chaque dossier économique, urbanistique, culturel, éducation, traité par la Ville. Bien sûr, dites-vous, ça va de soi. Quand je vois que votre majorité veut économiser 40.000 € sur l’enseignement spécialisé cette année, notamment sur les frais de piscine, c’est raté. Quand je vois qu’une cause du sentiment d’insécurité, c’est le trafic automobile agressif, et que votre projet de revitalisation prévoit de saturer de nombreuses artères dans divers quartiers de la ville, c’est raté. Quand je vois qu’on continue à développer des quartiers entiers où chacun est replié sur soi au lien de créer des éco-quartiers qui développent le lien social et finalement l’auto-surveillance et la solidarité dans le maintien de la sécurité, je dis c’est raté. Quand je vois qu’on diminue de 50% les subsides aux maisons de jeunes, c’est raté. Et je pourrais encore vous donner des dizaines d’exemples. Et donc, à un moment, il est important de se dire : est-ce que je continue à mettre l’argent publique dans les caméras ou est-ce que je les investis dans une solution plus structurelle ? Pour nous, la réponse va de soi.
 
Je répète encore une fois le début de mon intervention. Il y a progrès au niveau police et prévention. Mais on n’est loin encore d’un sentiment de sécurité profond et ressenti par tous basé sur une vision nouvelle de notre ville. Et c’est là qu’il faut travailler maintenant.
 
Et pour terminer deux propositions qui ne mangent pas de pain, l’une facile à réaliser, la deuxième moins claire et qui devrait être approfondie.
 
1) Développer plus encore le système de peines alternatives, la prison génère de l’insécurité.
2) Combattre aussi la délinquance en col blanc, moins visible peut-être, moins dérangeante, mais bien plus coûteuse et qui permettrait de récupérer des moyens financiers pour améliorer la sécurité collective.
 
Dany Smeets
Conseiller Ecolo