CC 27/01/2014 : Point 08- CPAS – Budget 2014

Publié le 27 janvier 2014
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Monsieur le Bourgmestre, Monsieur le Président du CPAS, Madame la Présidente, Chers collègues,

Je ferai quelques réflexions au nom du groupe Ecolo sur ce budget. Tout d’abord, ce qui me frappe dans la note de politique générale 2014 du CPAS de Verviers, c’est que vous parlez constamment de disponibilité au travail, pratiquement à chaque page au point que sur les six conditions pour obtenir le RIS, la seule que vous mettez en gras est celle concernant l’obligation d’être disponible sur le marché. A l’exception de votre phrase un peu maladroite sur le travail et la liberté lorsque l’ on sait qu’en Chine et au Qatar, c’est le «plein emploi», vous avez raison de relever l’importance de la valeur «travail» et nous devons vous rappeler que cela fait désormais au moins treize ans que le groupe Ecolo demande le soutien et le développement de l’insertion socioprofessionnelle, quelque soit les majorités en place. La seule chose qui nous fait un peu peur, c’est qu’en insistant tellement sur l’obligation de travailler tout au long de la note, sa lecture pourrait faire penser aux mandataires locaux et aux citoyens électeurs, qu’il est indispensable de motiver les titulaires du revenu d’intégration sociale et de l’aide financière équivalente au RIS à travailler. A la lecture de cette note, certains pourraient même penser : «Ils n’ont pas envie de travailler mais heureusement que Freddy est là pour les secouer un peu». Je vais même être extrêmement honnête avec vous, je pense qu’effectivement certains ne sont pas très disponibles sur le marché du travail. Mais au contraire de l’impression que donne cette note, c’est une infime minorité et il est dangereux de faire croire le contraire.

Mon but n’est pas de vouloir avoir «raison à tout prix» mais l’an passé, je vous avais fait une réflexion similaire concernant la fraude sociale, tant vous en parliez. Il est évident qu’aucun parti démocratique et légaliste ne peut la cautionner mais les chiffres que j’avais, indiquaient entre 2 et 3 % de fraude sociale. Si je m’en réfère à un article récent d’un quotidien régional concernant une étude commandée par la ministre de l’intégration sociale, Maggie De Block, la figure de proue du gouvernement fédéral actuel, elle serait de 4 %. Si cette information est exacte, mes chiffres n’étaient pas très loin de ceux de votre égérie. Il faut évidemment préciser que c’est la fraude sociale des titulaires du RIS ou de l’aide financière équivalente au RIS. Lorsqu’un employeur engage un travailleur sans le déclarer, c’est aussi de la fraude sociale mais l’employeur ne rentre pas dans cette statistique des 4 %.

En ce qui me concerne, j’insiste très souvent sur le fait que le revenu d’intégration sociale est un droit résiduaire et donc sur la sixième condition pour obtenir le RIS qui est d’avoir fait valoir ses droits sociaux en Belgique et à l’étranger avant de demander le RIS. Et si je vous dis ça c’est que la deuxième problématique la plus citée par votre majorité sont les coûts pharamineux que constituent les nouvelles mesures du gouvernement fédéral concernant l’exclusion des chômeurs en stage d’attente que vous évaluez vous-même à plusieurs millions d’euros et que le CPAS ne pourra pas assumer comme vous le dites très justement. Cela fait aussi des années qu’Ecolo dénonce des exclusions du chômage qui ne sont qu’un transfert de caisse de l’Etat fédéral vers les communes pauvres, les communes riches étant forcément épargnées. Pour ce qui concerne les nouvelles mesures, ce sera l’étranglement total des communes pauvres. Votre majorité avait promis qu’elle ne cacherait pas les problèmes. Pour ce problème ci, effectivement vous ne le cachez pas et vous essayer de vous organiser. Vous êtes donc prévoyant. Nous constatons d’ailleurs comme vous que vous pouvez compter sur des techniciens compétents. Ecolo a l’habitude et à juste titre de mettre en valeurs les travailleurs de terrains de notre CPAS. Cette année, nous souhaitons aussi comme vous, insister sur la qualité et la loyauté de l’encadrement et de l’équipe dirigeante constituée de fonctionnaires performants.

Là, où par contre, nous sommes très fâchés et le mot est très faible, c’est que maintenant vous savez, vous ne vous révoltez toujours pas contre une mesure qui va nous ruiner. Vous allez me dire «Qu’est-ce que tu veux qu’on fasse». Vous à Ecolo, vous pouvez le dénoncer car vous n’êtes pas dans la majorité fédérale. Et là, c’est une grosse erreur d’analyse car certaines villes et communes où Ecolo n’est pas en majorité commence aussi à la dénoncer. Par exemple, la majorité PS-MR et l’opposition CDH-Ecolo à Limbourg mais aussi le Président du CPAS de Liège dans une majorité PS-CDH mais aussi des présidents de CPAS dans le Hainaut et dans la région bruxelloise. Sans oublier l’Union des Villes et des communes de Wallonie. Et c’est normal car on n’est plus ici face à une logique «majorité-opposition». Ce sont nos finances communales qui sont menacées. Les syndicats dénoncent une réduction des droits sociaux des plus faibles. Mais des informations nouvelles qui sont reprises par le Président du CPAS de Verviers dans sa note de politique générale nous démontrent l’absurdité de la logique : 70 % des exclus de cette nouvelles mesures seront des femmes. Est-ce qu’il y a dans cette noble assemblée un seul conseiller communal qui pense sincèrement que les femmes seraient moins disponibles que les hommes sur le marché du travail. Répondre à cette question montre l’incohérence de cette mesure qui est exclusivement idéologique. Le Président nous dit que ce sont souvent des familles monoparentales, ce qui accentue la cruauté de cette mesure inique et que tout va se régler grâce à des nouvelles crèches mises en place par l’Olivier wallon. Nous devons d’ailleurs reconnaitre que la Ville a aussi fait un effort particulier concernant la création de places en crèche. Nous sommes extrêmement favorables à la création de places en crèche mais croire que cela va résoudre le problème du chômage des femmes en famille monoparentale…Ce n’est pas aussi simple. D’autant qu’une partie importante de ces familles monoparentales n’ont que des enfants en âge scolaire. Non et définitivement Non, il ne s’agit pas uniquement d’une abjecte mesure «anti-chômeur» mais bien aussi très clairement d’une mesure «anti-femme» qui va s’attaquer aux plus fragiles d’entre-elles. Maintenant que vous le savez, vous avez le devoir de la dénoncer.

Quelques remarques pour terminer :

1. Pour ce qui ce qui concerne l’apprentissage du français, nous

remarquons que vous allez principalement travailler avec le secteur

public. Normalement, Ecolo devrait se réjouir de la confiance que vous

portez au secteur public mais dans ce cas-ci on a l’impression une fois de

plus que la majorité a surtout envie de punir des associations qui

auraient eu l’outrecuidance d’oser la contredire.

2. Pour ce qui concerne la lutte contre la pauvreté infantile, le budget est trop faible concernant l’ampleur de la tâche mais vous n’êtes pas entièrement responsable puisqu’il s’agit d’un subside SPP «Intégration sociale».

3. Il est positif de concentrer une partie des services autour de la réinsertion socioprofessionnelle mais la Résidence Sainte Elisabeth à Ensival est beaucoup trop décentrée par rapport au centre-ville.

4. Nous sommes étonnés de la légère réduction des dossiers de médiations de dettes alors que l’on parle de plus en plus du surendettement des ménages belges. S’agit-il simplement d’un passage de la médiation de dettes au règlement collectif de dettes et sa gestion par des avocats ?

5. Vous vous êtes engagés à faire au début de cette année une réunion «Ville-CPAS». Nous suggérons mais ce n’est qu’une suggestion dans une logique de propositions constructives de faire de ces réunions des réflexions communes autour d’un thème précis qui pourrait éventuellement amener à un consensus. Par exemple mais de nouveau ce n’est qu’un exemple : Quelle politique à faire à Verviers en faveur de nos ainés ?

Enfin pour terminer de la même manière que notre conseiller CPAS, je citerai Nelson Mandela : «Une nation ne doit pas être jugée de la manière dont elle traite ceux de ses citoyens qui sont en haut de l’échelle, mais ceux qui sont en bas». Cette citation est aussi valable pour une ville.

Je vous remercie pour votre attention.

Philippe Kriescher