Apprendre le français : un droit du citoyen, un devoir de l’autorité communale !
Les propos musclés du nouveau président du CPAS laissent perplexe tant sur le fond que sur la forme. D’abord, parce que cette fois encore, Freddy Breuwer oublie de réfléchir avant même de parler, allant jusqu’à annoncer publiquement des mesures purement et simplement illégales (la suppression du Revenu d’Intégration Sociale pour cause de non apprentissage du français) !
Oui, parler correctement le français est un élément fondamental de l’intégration : comprendre et être compris est une condition impérative pour se parler, s’émanciper et trouver sa place au sein de notre société, pour suivre une formation ou trouver un emploi. Mais apprendre le français est d’abord un droit. Et force est de constater que ce droit n’est pas rencontré à Verviers car il y a une carence de structures disponibles pour celles et ceux qui veulent apprendre le français, en témoignent les listes d’attente qui se remplissent dans nombre d’asbl et d’organismes de formation. Freddy Breuwer trompe les Verviétois en tentant d’inverser la charge de la responsabilité qu’il fait peser d’abord sur le citoyen alors qu’elle se trouve, au contraire, dans le chef de l’autorité communale qui doit garantir pour chaque Verviétois, comme le défend fermement Ecolo, la possibilité d’apprendre le français dans de bonnes conditions.
Alors, et dans l’attente de la déclaration de politique communale, il est temps que les pouvoirs publics se donnent enfin les moyens de réussir leurs politiques d’intégration ! Oui, exigeons ensemble l’apprentissage du français. Mais cette exigence n’aura de sens que si, dans le même temps, les personnes trouvent des cours en suffisance ! Le parcours d’intégration sera aussi un défi du politique à lui-même : celui de permettre qu’in fine 100 % des primo-arrivants aient accès à ce parcours dans un délai raisonnable.
Par ailleurs, le nouveau président du CPAS ne doit pas oublier que, si politique et associatif ont besoin l’un de l’autre pour travailler efficacement et dans le respect mutuel, le politique n’a pas à s’ingérer dans le travail des associations, et encore moins les menacer de suppression des aides humaines et financières à leur disposition pour mener à bien leur travail ! La suppression d’un « article 60 » à Lire et Ecrire est en plus contre-productive. Cela relève d’un chantage envers l’associatif ce qui est, pour le groupe Ecolo, tout simplement inacceptable.
A l’opposé d’une politique d’imposition par le haut, c’est bien des nombreuses initiatives du terrain qu’il faut partir. L’expertise des acteurs de terrain doit être valorisée et non détournée par le politique, dans l’esprit même de la Charte associative dont Ecolo suivra la concrétisation durant cette mandature. Une proposition concrète et constructive d’Ecolo, face à la carence des moyens, serait de créer un système de parrainage sur base volontaire de chaque Verviétois disposé à accorder un peu de son temps pour enseigner le français à un autre Verviétois et créer ainsi par la même occasion du lien social. Le politique ou le CRVI pourraient offrir un cadre à une telle initiative.
Enfin, n’oublions pas que, si l’apprentissage du français est bien un élément essentiel, cette mesure doit aussi s’intégrer dans des politiques plus larges de cohésion sociale, de promotion de la diversité et de lutte contre les discriminations auxquelles Ecolo sera très attentif durant cette mandature communale : politiques de formation et d’emploi, de logement, de lutte contre la précarité, d’égalité des chances, etc. Et ce, afin de construire ensemble, une société qui inclut et non qui exclut.
Pour le groupe Ecolo,
Pauline DUMOULIN, Cheffe de groupe
Paul FAUCONNIER, conseiller CPAS
Nezha DARRAJI, conseillère communale
Philippe KRIESCHER, conseiller communal