Nous nous réjouissons de votre idée de réfléchir ensemble sur quatre thèmes majeurs pour notre CPAS. La seule chose qui nous surprend, c’est que vous fassiez cela à quelques mois des élections communales alors que votre majorité PS-MR fonctionne depuis six ans.

Nous souhaitons travailler dans un esprit positif, d’autant plus nécessaire lorsqu’il s’agit de travailler sur les difficultés de nos concitoyens et une fois de plus profiter de cette réflexion pour dire à quel point nous sommes admiratifs des travailleurs en général et des assistants sociaux en particulier dans les grands CPAS comme celui de Verviers. Salut et Respect pour leur très difficile travail.

Quelques réflexions non exhaustives sur les thèmes que vous proposez :

1.      La réinsertion socioprofessionnelle :

Ecolo, vous le savez, est très soucieux d’autonomie et d’émancipation citoyenne. L’insertion sociale et l’insertion professionnelle, dans notre type de société, donnent à l’être humain toute sa dignité. Cependant, et ce n’est pas contradictoire avec notre objectif d’émancipation citoyenne, nous constatons la nécessité parfois, de l’assistance sociale.

Cette assistance ne doit pas être automatique : contrairement à ce qui a pu être dit, il n’a jamais suffit de tendre la main au CPAS pour recevoir de l’aide. Les enquêtes sociales ont toujours existé. Fournir des langes et du lait, ce n’est pas «peace and love» contrairement à ce que j’ai pu entendre. Ne laisser personne dans la misère, c’est l’indice par excellence d’une société évoluée.

Un autre indice de la grandeur d’une civilisation, c’est aussi sa capacité à intégrer les autres. A cet égard, nous déplorons que des lacunes dans la maîtrise de la langue française soient, parfois, un motif d’exclusion des allocations de chômage. On peut être parfaitement disponibles sur le marché du travail, même si on ne parle pas le français !

2.      Les problèmes de santé :

Parmi les problèmes de santé, vous citez les problèmes de santé mentale. Nous pensons d’ailleurs que c’est surtout des personnes tellement fragilisées et parfois sous l’effet d’assuétudes qui expriment leur colère et leur désespoir en se trompant d’adversaires.

Au niveau santé, nous signalons aussi que des personnes hésitent à se soigner. Par manque d’argent, ils se privent de soins dentaires, de kiné et ils demandent les prix des médicaments qui figurent sur leur ordonnance pour savoir lesquels acheter.

3.      Le logement :

Permettre que chacun soit logé décemment, quel magnifique défi ! Il faut donc lutter contre l’insalubrité et combattre les marchands de sommeil. Cette politique n’a de sens que si l’on peut offrir d’autres logements, plus conforme à la dignité humaine.

Je voudrais insister, une fois de plus diront mes collègues du CPAS, sur les efforts à faire en termes d’isolation. Lors de la libéralisation du secteur de l’énergie, on nous avait promis des diminutions de prix allant jusqu’à 30 % ! Or, nous voyons qu’au contraire, la facture énergétique des ménages ne cesse de gonfler, mettant en péril l’équilibre du budget familial.

Pour contrer cela, il faut mettre en place une politique ambitieuse et volontariste d’aides à l’isolation, politique dirigée vers les moins favorisés, car ce sont eux qui souffrent le plus de ces fortes hausses continuelles du prix de l’énergie. Dans ce domaine, la Ville devrait être  beaucoup plus active, avec des objectifs datés et chiffrés.

4.      La grande précarité :

On le constate tous les jours : notre système économique est générateur d’inégalités de plus en plus criantes. C’est là sans doute la plus grande honte de notre société. De plus en plus de nos compatriotes, dans notre si riche petit pays, vivent en dessous du seuil de pauvreté. Cela devient une statistique comme une autre qui ne semble pas émouvoir notre gouvernement de centre droit.

Quinze jours de gel, et on l’a vu, il faut faire appel à la générosité voire à la charité pour éviter l’hécatombe. Des gens qui grelotent chez eux par moins de dix degrés, ce n’est pas Zola qui accuse, c’est la réalité en Belgique en 2012.

La pauvreté  ne se résume pas aux titulaires du revenu d’intégration sociale, dont il faudra craindre une explosion suite aux nombreuses mesures d’exclusion des allocations de chômage qui se mettent en place, il ya aussi les allocataires sociaux et les travailleurs pauvres, des salariés qui pourtant se lèvent tous les matins à 5H30 pour aller au boulot et les petits indépendants qui ne savent pas de quoi demain sera fait.

Les dérèglements du système économique nous font passer d’une société d’abondance vers une société de précarité, de l’incertitude et de la peur du lendemain. Nous continuerons à lutter pour inverser la tendance.

Philippe Kriescher
Conseiller Ecolo au CPAS de Verviers.