CC29/06/2009 Les arbres remarquables
Intervention sur les arbres remarquables par le groupe Ecolo
Il y a quelques mois, l’Echevine de l’aménagement du territoire insistait sur la nécessité de préserver nos arbres pour que nos enfants puissent profiter à leur tour de ce patrimoine.
Dans un environnement correct, l’arbre vit sans intervention humaine. L’arbre n’a pas besoin de l’homme; par contre l’homme a besoin des arbres! Les Deux Places, la rue du Collège, le Pont aux Lions sont des exemples d’espaces publics arborés qui ont été plantés pour créer une nouvelle qualité urbaine.
Malgré ces exemples, la gestion du patrimoine arboré par la Ville pose question à plus d’un titre. Nous parlerons des arbres placés sur l’espace public, à bonne distance des maisons voisines, et qui, à priori avaient toutes les chances pour devenir remarquables.
Tailler de façon brutale, au mépris des règles de l’art, abrège la vie de nos arbres
Aux abords du Palais de justice, place Paul Janson, un tilleul isolé, disposait de toute la place pour se développer. Gênait-il la vue de nos magistrats ou de leurs collaborateurs ou menaçait-il les véhicules garés à son voisinage ?
Voici deux ans, il a subi une Xième taille brutale. Aujourd’hui, victime d’un stress inutile à répétition, ses racines mal alimentées et fragilisées par l’ablation du feuillage, son métabolisme totalement perturbé, il survit comme il peut.
Des pousses chétives lui donnent l’aspect d’un buisson difforme de huit mètres de haut. Il ne deviendra jamais un arbre remarquable.
Tailler drastiquement coûte cher alors qu’un arbre bien traité pousse quasi gratuitement.
Cet hiver, deux platanes, à la jonction des rues du Rwanda et Thiniheid, ont été taillés très fortement. Outre la perte esthétique, ces tailles sévères entraînent des coûts inutiles. Une étude de la faculté agronomique de Gembloux montre qu’entretenir un arbre par de simples tailles raisonnées (taille de formation dans le jeune âge, remontée de couronne si nécessaire, éclaircissage discret de la frondaison qui anticipe l’élagage naturel) coûtent moins de la moitié de ce que coûtent les opérations brutales que viennent de subir ces arbres.
Le platane est connu pour surmonter des tailles régulières typiques des jardins à la française. Mais dans le cas qui nous occupe, nous ne sommes pas en présence de ce type de taille qui doit se faire à la scie à main sur des branches de faible diamètre.
Ici, nous sommes face à un traitement qui interrompt brutalement le développement des arbres en coupant de grosses branches. En réaction, car ils sont encore sains, ils vont développer une multitude de grands rejets. A court terme cela réduira à néant la taille d’aujourd’hui.
Les risques de casse de ces rejets, plus fragiles que de vraies branches, et les pourritures qui vont s’installer sur les larges coupes de branches vont générer une insécurité future. Un suivi fréquent sera nécessaire avec de coûteuses interventions…
Un peu plus bas dans la rue Thiniheid les blessures sont encore plus graves. Suite à une demande d’un riverain il semblerait que la Ville ait donné une réponse favorable pour tailler ces arbres.
Pouvez-vous nous dire quel était le motif de cette demande ? L’accord de la ville prévoyait-il ces coupes ? Le travail a-t-il été contrôlé et par qui ?
Tailler sans raison hypothèque gravement l’avenir de notre patrimoine arboré et appauvrit l’image de notre ville.
Dans le terre-plein au bas de la rue de Stembert, un cornouiller mâle, arbre de taille modeste, mais pouvant atteindre 300 ans d’âge, a été drastiquement taillé. Pourquoi ? Ce petit arbre à la superbe floraison printanière ne posait aucun problème d’occupation de l’espace et n’entravait pas la visibilité. Son apport esthétique était indéniable. Aujourd’hui cette qualité paysagère est perdue !
D’où quelques questions à l’Echevine de l’Environnement :
Comment pouvez-vous accepter ou justifier ces pratiques ?
Toutes ces tailles ont-elles été faites à l’initiative de la Ville ?
Dans le cas contraire, la Ville laisse-t-elle faire impunément sans chercher à préserver ce patrimoine ?
Pour éviter d’autres tailles inutiles, des solutions sont possibles.
L’Union des Villes et Communes propose des rapports de formations sur la taille des arbres urbains. Ces formations ont eu lieu à Herve. Alors, pourquoi pas à Verviers ? Pourquoi ne pas profiter de la présence d’écoles spécialisées comme celle de La Reid ? Des initiatives de la Région wallonne sont également annoncées. La Ville devrait en profiter !
L’établissement d’un cahier des charges précis, avec l’obligation de travailler en respectant les règles de l’art, devrait être établi à destination des adjudicataires contactés pour des chantiers particuliers.
L’expertise des spécialistes de la Région wallonne devrait être systématiquement sollicitée pour toute intervention sur les arbres remarquables, ainsi que la loi ( CWATUP) le prévoit. Cette expertise est une aide précieuse bien plus qu’une contrainte !
Le cadastre des plantations doit être actualisé. Les membres du PCDN pourraient prêter main forte au personnel communal dans le cadre d’une action participative et citoyenne. Le parrainage d’arbre par des écoles pourrait compléter la démarche.
La mise au point d’une information pour les propriétaires d’arbre remarquable et pour les notaires serait utile pour rappeler les droits et les devoirs vis à vis de ce patrimoine verviétois.
La création d’un groupe de travail pourrait déboucher sur la mise au point d’un règlement communal sur les arbres et les haies permettant de compléter les législations existantes. Ce groupe pourrait rédiger une charte de l’arbre urbain qui serait le fil conducteur de l’entretien des arbres de Verviers.
Pour terminer cette intervention, n’oublions cependant pas les « sans grade », tous ces arbres qui ne deviendront pas remarquables car disposés au sein de contraintes urbaines très fortes.
A titre de mauvais exemple, citons simplement ces pauvres Catalpas, pas du tout à leur place en Crapaurue. Cette essence peut faire une couronne de plus de 15 mètres de diamètre !
Taillé sans égard, le spécimen photographié nous rappelle que le premier principe de plantation est de choisir le bon arbre au bon endroit. Bien souvent destiné à rattraper des aménagements urbains de qualité médiocre rappelons ici que l’arbre n’est pas un simple mobilier urbain. L’arbre est un être vivant.
Je vous remercie de votre attention
Geneviève Minguet, conseillère Ecolo