Budget 2011 du CPAS de Verviers.

Depuis onze ans déjà, j’ai l’occasion de faire une analyse critique du budget du CPAS de Verviers ; six ans comme conseiller communal et ensuite cinq ans comme conseiller CPAS. Ce qui m’a frappé cette année, c’est l’impression d’absence totale de politique. On pense à un catalogue de tous les subsides, qu’il est d’ailleurs intéressant de connaître, que nous avons obtenus mais aucune originalité propre à Verviers.

 

Qu’on se comprenne bien, il est plus important encore … pour un CPAS que pour une commune, d’obtenir des subsides relevant de la solidarité entre tous. Je rappelle d’ailleurs qu’Ecolo demande toujours un remboursement du RIS à 90%. Mais dans le cas de Verviers, j’ai le sentiment au travers de ce budget qu’on ne définit ce qu’il faut faire qu’en fonction du subside reçu. Il n’y a pas d’impulsion typiquement verviétoise. On ne se dit pas :« je voudrais faire telle politique et je vais essayer de voir les subsides possibles ». On fait l’inverse en se disant : « on peut obtenir un tel subside et on agira en fonction de celui-ci ».L’absence totale depro-activité,à elle seule, justifie un vote négatif sur le budget 2011.

 

Le budget est certes en équilibre, mais c’est en prélevant une fois de plus sur le fond de réserve, ce qui ne pourra pas être fait indéfiniment. Vous insistez aussi sur l’amélioration des recettes grâce au supplément buanderie que nous continuons à critiquer, car inéquitable, et qui peut d’ailleurs s’avérer problématique. Nous préférerions une augmentation de la part communale dans le budget CPAS ce qui prouverait la volonté de la majorité communale d’aider le CPAS. Maintenant, lorsque l’on déclare dans la presse qu’il n’y a pas de pauvres à Verviers, il n’y a aucune raison objective d’aider le CPAS. Ceci étant, on ne peut pas non plus constamment se voiler la face en utilisant la méthode Coué pour nier la réalité ; oui il y a des personnes pauvres à Verviers, et il y en a même beaucoup.

 

C’est pourquoi, et ce comme toujours dans un souhait volontariste de logique positive, je cherche à souligner les quelques éléments intéressants que j’ai pu déceler même si, comme vous le verrez, j’ai quelques critiques à émettre sur certains de ces points.

 

1.Ça ne date pas de cette année, mais vous en reparlez comme la plupart des villes et des communes de Wallonie, vous avez bien fait d’adhérer au pacte de stabilité de la fonction publique. À ce sujet, je suis par contre surpris qu’on ne voie pas déjà en 2010 une augmentation du nombre de statutaires car c’est dans la logique du pacte.

 

2. Je crois que vous avez la volonté de protéger vos travailleurs sociaux dont la mission est d’aider des personnes en difficulté et qui sont pourtant de plus en plus victimes d’une petite partie des usagers du CPAS. Pour ces personnes très fragilisées l’assistant social devient le « bouc émissaire » de leur immense souffrance. Le boulot qui est réalisé par les travailleurs du CPAS de Verviers m’inspire d’ailleurs le respect. C’est l’avenir qui nous dira si le garde de sécurité est un des éléments intéressants parmi de nombreux autres pour lutter contre cette violence. On sait parfaitement bien que ce ne sont pas les CPAS qui sont à l’origine de cette souffrance qui se trouve bien plus en amont d’eux. Une petite nuance néanmoins : vous n’avez jamais associé l’opposition à la réflexion pour lutter contre la violence dont sont victimes les travailleurs du CPAS. C’est d’autant plus dommage que celle-ci se trouve dans une logique très constructive.

 

3. Je vois que vous ne demandez plus que 300 Euros par mois pour un travailleur au CHPLT, ce qui est d’ailleurs très peu par rapport aux 500.-Euros demandés aux ASBL que nous considérons comme excessifs pour les plus petites d’entre elles, mais nous l’avions dit nous-mêmes :si le CHPLT a l’occasion de donner beaucoup plus, il ne demeure pas moins qu’il faut privilégier le fait qu’il engage beaucoup d’articles 60 à la fin de leur contrat, et ça c’est très positif. D’où ma question : le CHPLT continue-t-il à engager plusieurs articles 60 à l’issue de leur contrat ? Si votre réponse est positive, gardons ce taux de .300.-Euros

Je terminerai par deux questions.
1. Entre l’avant projet de budget et le budget extraordinaire de 2011, vous avez décidé d’un emprunt de .20.000.-Euros sur 20 ans plutôt que d’utiliser nos fonds propres. Pourquoi ?
2. Parmi les 1849 revenus d’intégrations sociales des statistiques de 2010 il serait intéressant de connaître le nombre exclu du chômage et ce que ce transfert de caisse de la sécurité sociale vers les communes a coûté au CPAS de Verviers. Pouvez-vous nous le signifier ?

 

Et par une remarque :
Un subsides’intitule « pauvretés infantiles » et à pour but la non reproduction de la pauvreté chez les enfants des usagers des centres. Si nous trouvons ce subside très intéressant et que nous le soutenons, il eut été préférable qu’il s’intitule autrement car penser que 65.000.-Euros par an, pour une ville comme Verviers, va empêcher la reproduction de la pauvreté, c’est illusoire.

 

Philippe Kriescher
Conseiller Ecolo au CPAS de Verviers